PETER SAUL L'IRREDUCTIBLE
Fondation Salomon (Alex – 74), juillet, novembre 2012.
par Jean-Paul Gavard-Perret
Peter Saul mène à l'extrême la logique matérialiste de son pays d'origine. Il en expose la " mécanicité " par une technique elle-même poussée à l'exacerbation dégagé de tout alibis idéaliste pour souligner une idéologie guerrière souligné par la caricature de la peinture « de genre ». Parfait iconoclaste il crée un burlesque qui pousse à bout les effets de réalité sur le modèle de la parodie, de l'excès et de la prolifération sacrilège.
Difficilement récupérable l'œuvre est souvent – en con séquence – passée sous silence. Beaucoup voudrait s'en débarrasser. Et souvent ceux qui en parlent tentent de la contourner. Mais ce travail reste un brûlot, une énigme, une machine infernale dont les explosions secouent encore le monde de l'art.
Dès 1973, Peter Saul visite, à sa manière, les chefs-d'oeuvre de l'histoire de l'art. Il peint Liddul Gurnica, inspiré de la célèbre composition de Picasso. Non content d'ébrécher la statue du commandeur, il réalise là un véritable acte de lèse-majesté. Au centre du tableau Picasso trône avec l'inscription "Paablow" brandissant haut la torche du " coobizzm ".
Voici ce que Saul en dit : "Le truc pour le Guernica de Picasso c'est qu'en fait c'est une sorte de Pop art originel, avant la Pop et ses exagérations bouffies et onctueuses. C'est ce que j'ai mis en relief dans ma version, en lui appliquant mon style, j'ai aidé à rendre son tableau intéressant pour nous, aujourd'hui 24." Il s'agit bien, comme on enfile un gant, d'imprimer son style à une oeuvre indiscutablement universelle. Comme Spike Jones avec ses orchestrations farfelues, l'irrévérence est continuelle tout en pratiquant une admiration pour Marcel Duchamp, Francis Bacon, Willem De Kooning. Il s'attribue d'ailleurs ses « Women », peintures incomprises en leur temps par les laudateurs exclusifs de l'expressionnisme abstrait.
Ses séjours à Paris permettent à Peter Saul d'arpenter assidûment les musées du Louvre et d'Orsay où il a vraiment découvert la peinture du XIXeme siècle. Il se souvient de tous les frappés d'amnésie qui ne sont que moqueries pour cette peinture disqualifiée car jugée trop "descriptive". Saul, à l'inverse, aime la peinture d'histoire pour ce qu'elle raconte, en fabuliste avisé. Parmi ses vedettes, figurent Manet, Delacroix, Géricault,
Comme Larry Rivers et en conjuguant le réel et une brutalité, Peter Saul se mesure aux grands classiques de l'histoire de l'art. Le peintre renvoie l'histoire à sa vérité première, un mélange de terreur et de romance par ses reprises de peintures de guerre qu'il n'a cesse de dilater dans des farces grotesques.
Jean-Paul Gavard-Perret.
Jean-Paul.Gavard-Perret@univ-savoie.fr
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Jean-Paul Gavard-Perret Né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul Gavard-Perret est maître de conférence en communication à l´Université de Savoie. Il poursuit une réflexion littéraire ponctuée déjà d'une vingtaine d'ouvrages et collabore à plusieurs revues.
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