Le Dôme, Albertville
du 7 avril au 30 mai 2009.
par Jean-Paul Gavard-Perret
Ankh

Il est des choses difficiles à exprimer : entre autres les types de liens quasi "virtuels" mais puissants que noue Ankh. On ne les ressent ni comme une idéalisation ni comme une connivence. Ils deviennent une recherche de soi à travers l'objet, la matière la plus humble. A ce titre les sculptures d'Ankh représentent toujours des états de survivance du bois. Au fur à mesure que l'artiste le récupère, le scie, le tronçonne, le rabote, le sculpte elle n'en élimine pas pour autant les débris. Elle crée avec eux une relation particulière et joue avec ces restes. Ils n'appartiennent ni tout à fait à la vie, ni tout à fait à la mort mais à ce genre d'état aussi paradoxal que celui des spectres qui sans relâche mettent du dedans notre mémoire et notre imaginaire en mouvement.
Ankh couche ces vestiges qui deviennent des retrouvailles au bord du rien, du précipice. Elle invente avec eux des nappe aux coloris grisés. Cela ressemble à la bonne suie de Mary Poppins qui se propage jusqu'à la métamoprphose de ce qui sans l'intervention de l'artiste serait demeuré lettre mortz. A travers ces ersatz se dépose la présence de l'artiste. Emerge le pouvoir de l'étrangeté qu'impose par son pouvoir du lieu celle qui paele à partir du peu et cela plus particulièrement de sa bnouvelle exposition “Correspondances”.
Le vestige ainsi rassembler n'est pas là pour évoquer le passé mais afin recréer une sorte de présent mythologique, dans cette entente avec le presque rien, le moins que l'objet. Ankh crée un tissu de relation mouvante. Il y a l'émotion des fragments, la brûlure de leur fièvre. Bistre foncé sur bistre plus clair. Il y a une combustion intime, une adhérence. Une dimension sublime par le presque rien et une prise de risque rare dans la mesure où l'artiste ne cherche rien sinon un équilibre qui n'est probablement pas idéal mais qui crée une impression fascinante de distance et d'éloignement.
Par un plongeon dans la matière primitive, l'exaltation assèche la pulpe en suffoquant les icebergs. Faussement désinvoltes, les copeaux, brindilles, sciures se moulent aux caprices du murmure intime de l’artiste. Ils épousent éperdument chaque angle, chaque fissure, chaque exubérance, chaque dessin sans autre dessein que ceux que Ankh « imprime ». Les flux s'arrachent et se mêlent. Des noyaux fusionnent et par le « maléfice » de la fécondation, aussitôt la perpétuation s'accomplit. Il convient alors d'errer dans ces états évanescent de non-être, de presque mort, dans le temps sans durée et l'espace sans champ que sont le temps et l'espace du Rituel que Ankh instruit pour nous avec ses intuitions, ses pressentiments et son travail toujours passionnant.
Jean-Paul Gavard-Perret
Jean-Paul.Gavard-Perret@univ-savoie.fr
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Jean-Paul Gavard-Perret Né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul Gavard-Perret est maître de conférence en communication à l´Université de Savoie. Il poursuit une réflexion littéraire ponctuée déjà d'une vingtaine d'ouvrages et collabore à plusieurs revues.
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